Promouvoir l’agriculture circulaire au Vietnam

Ces dernières années, l’agriculture vietnamienne a connu une forte transformation. La production agricole s’est orientée vers le marché, apportant une haute qualité et une valeur ajoutée aux producteurs.

Cependant, le processus de production  génère également une grande quantité de déchets et de sous-produits qui pollueront l’environnement et gaspilleront de la matière organique, s’ils ne sont pas gérés correctement.

Le vice-ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Tran Thanh Nam, a estimé que dans le processus de production agricole, l’abus d’engrais chimiques et de pesticides, et l’augmentation des déchets de l’élevage menacent de plus en plus la qualité de l’environnement.

Certains secteurs tels que la riziculture, l’arboriculture, l’aquaculture et l’élevage émettent des millions de tonnes de déchets organiques, qui est une ressource exploitable  pour la production agricole et de nombreux autres domaines.

C’est un fait, Vietnam ne profite pas encore bien de ses déchets et sous-produits agricoles. Le taux de collecte des sous-produits de la culture est de 52,2%, celui des sous-produits de l’élevage de 75,1%, celui de la foresterie de 50,2% et celui de l’aquaculture de 90%. Le taux de transformation des sous-produits en tant qu’intrants pour les cycles de production ultérieurs est encore plus faible.

Selon la Docteure Nguyen Thi Thanh Thuy, directrice du Département des sciences, des technologies et de l’environnement du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, les sous-produits de la biomasse de diverses cultures peuvent fournir annuellement d’environ 43,4 millions de tonnes de matières organiques ; 1,86 million de tonnes d’azote uréique ; 1,68 millions de tonnes de superphosphate simple et 2,23 millions de tonnes de sulfate de potassium. Les sous-produits de la transformation des produits de la mer contiennent un contenu nutritionnel très élevé, qui peut être profondément transformé en produits alimentaires pour les humains et en aliments pour animaux.

Dans une économie agricole circulaire associée à la croissance verte, les sous-produits agricoles, forestiers et halieutiques doivent être considérés comme une ressource renouvelable au lieu de déchets. Si l’on exploite efficacement le volume existant de sous-produits, la valeur de la production agricole pourrait augmenter de 30 à 100%. Le recyclage des matières premières contribuera également à résoudre les émissions élevées et la pollution de l’environnement, a souligné la Docteure Nguyen Thi Thanh Thuy.

Utilisation de l’herbe et des sous-produits des fermes comme fourrage pour les vaches à la ferme Nang et Gio (à Ninh Son, province de Ninh Thuan, au Centre). Photo : VNA

Reconnaissant des potentiels économiques des sous-produits et de l’exigence d’une production durable, ces derniers temps, plusieurs entreprises ont investi dans une chaîne de production fermée avec des modèles d’utilisation des sous-produits et des déchets des activités agricoles et d’élevage. Certaines autres entreprises qui investissent dans des fermes combinant la culture et l’élevage, recyclent tous les sous-produits pour le prochain cycle de production.

Les pratiques montrent que l’agriculture circulaire est la clé d’une gestion efficace des ressources agricoles, de la régénération des sols et de la limitation des impacts négatifs sur l’environnement.

Le docteur Nguyen Van Hung, expert de l’Institut international de recherche sur le riz (IRRI), a déclaré que l’un des problèmes qui préoccupe le monde aujourd’hui concerne les émissions dans la production agricole, en particulier la riziculture. Au Vietnam, 60% de 40 millions de tonnes de pailles produites chaque année sont traitées par brûlage au champ. Il s’agit d’une grande quantité d’émissions de carbone et donc d’une grande pollution.

Selon cet expert, l’application de l’économie agricole circulaire à la chaîne de production du riz peut être réalisée en collectant la paille pour la production de champignons et l’alimentation animale ; en produisant d’engrais organiques à partir de paille, de déchets issus de la production de champignons et de l’élevage.

Selon les statistiques de la Direction de l’élevage du ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, en 2020, les émissions des activités d’élevage ont été équivalentes à près de 31 millions de tonnes de CO2. C’est un grand défi pour le Vietnam dans la mise en œuvre de son engagement de réduire ses émissions nettes à 0% d’ici 2050.

Nguyen Van Bac, représentant du Centre national de vulgarisation agricole dans le Sud, a souligné que pour encourager le développement de l’agriculture circulaire, il était nécessaire d’avoir des normes d’évaluation de la chaîne circulaire.

Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural doit organiser des séances de dialogue avec les entreprises sur l’agriculture circulaire pour recueillir des informations et ajuster les politiques appropriées. En outre, les agences et les entreprises doivent se coordonner avec le système de vulgarisation agricole pour développer et élargir des modèles économiques circulaires dans l’élevage, a-t-il noté. –VNA