Accords de Paix de Paris: leçons sur l’indépendance, l’autonomie et la solidarité internationale

La ministre des Affaires étrangères du gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud-Vietnam, Nguyen Thi Binh, signe l’Acte de la Conférence internationale sur le Vietnam, le 2 mars 1973. Photo de VNA

Les négociations de Paris sur le Vietnam (1968 – 1973) furent une lutte extrêmement difficile, compliquée et dramatique entre le Vietnam et les États-Unis.

Le 27 janvier 1973, les Accords de Paris sur la cessation de la guerre et le rétablissement de la paix au Vietnam furent signés. Il s’agissait d’une victoire retentissante de la diplomatie révolutionnaire du Vietnam à l’ère de Hô Chi Minh, apportant une contribution importante à la victoire commune de toute la nation, et en même temps laissant de précieuses leçons notamment sur l’indépendance, l’autonomie et la solidarité internationale.

La guerre de résistance du peuple vietnamien contre l’armée américaine, et les négociations de Paris en particulier, se déroulèrent dans un contexte historique très compliqué. C’était la période où le bloc des pays socialistes s’était formé et se renforçait, aidant activement le mouvement révolutionnaire mondial, dont la révolution vietnamienne.

Cependant, entre les pays socialistes, il existait des divergences de vues sur la manière de construire le socialisme et de lutter pour la libération nationale, voire des conflits intenses. L’ennemi du peuple vietnamien était les impérialistes américains dotés d’une grande puissance tant économique que militaire.

Tirant des leçons et enseignements de la réalité historique de la guerre de résistance contre le colonialisme français, le Comité central du Parti des travailleurs du Vietnam promut l’esprit d’indépendance, d’autonomie et de solidarité internationale dans la résistance comme dans les négociations. Ce furent les deux lignes directrices fondamentales qui traversèrent l’ensemble des négociations de la Conférence de Paris du début jusqu’à la fin.

De 1965 à la fin de 1966, les impérialistes américains intensifièrent l’escalade de la guerre et lancèrent l’argument de la “fausse paix”, demandant au gouvernement de la République démocratique du Vietnam de s’asseoir à la table des négociations.

En janvier 1967, le 13e Plénum du Comité central du Parti des travailleurs du Vietnam décida d’ouvrir un nouveau front diplomatique afin de dénoncer plus fermement les crimes des impérialistes américains, de démasquer les ruses de la fausse paix, de rehausser la position juste de la révolution, de profiter de la sympathie, du soutien et de l’assistance des pays socialistes et des peuples progressistes dans le monde, dont le peuple américain.

Au printemps 1968, l’armée et le peuple vietnamiens lancèrent une offensive générale et un soulèvement dans le champ de bataille du Sud, forçant l’administration du président américain Lyndon B. Johnson à désamorcer la guerre, à accepter de s’asseoir à la table des négociations dans le cadre de la Conférence de Paris.

Le 13 mai 1968, les négociations officielles entre les délégations du gouvernement de la République démocratique du Vietnam et du gouvernement américain débutèrent à Paris, marquant une nouvelle période de la guerre: se battre tant sur le champ de bataille que sur le front diplomatique, avec comme devise “se battre et négocier en même temps”.

Le Vietnam persista à demander aux Etats-Unis de mettre à fin sans condition aux bombardements et à toutes autres activités militaires contre la République démocratique du Vietnam avant les négociations sur des questions concernans les deux parties. De leur côté, les Etats-Unis demandèrent au Nord de retirer ses troupes du Sud et de mettre à fin à l’envoi de personnes et de fournitures au Sud.

Devant la position juste et la détermination de la partie vietnamienne et face aux difficultés et pertes sur le champ de bataille et à la montée des mouvements anti-guerre aux Etats-unis, le 1er novembre 1968, le président américain Lyndon B.Johnson déclara mettre fin à toutes les activités militaires contre le Nord du Vietnam.

Après cet évènement, le Vietnam et les Etats-Unis convinrent d’organiser une conférence à Paris avec la participation de quatre parties: la République démocratique du Vietnam, le Front national pour la libération du Sud Vietnam (Gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud Vietnam plus tard), les Etats-Unis et la République du Vietnam (autorités de Sai Gon).

L’application résolue de la stratégie d’”à la fois se battre et négocier” fut une initiative de notre Parti, montrant l’indépendance de nos politiques.

En 1969, Richard Nixon fut élu président des États-Unis et proposa la stratégie de “vietnamisation de la guerre”. En conséquence, les troupes expéditionnaires et celles de certains pays alliés se retirènt progressivement. L’armée de la République du Vietnam prit le rôle de combattant principal, mais était toujours placée sous la direction des États-Unis qui fournissait des conseillers militaires, de l’argent, des armes techniques et des moyens de guerre.

Le 25 janvier 1969, la première session de la Conférence quadripartite sur le Vietnam fut officiellement tenue. Au cours du processus de négociations, la partie vietnamienne lutta dans tous les aspects liés à la guerre, mais se concentra sur les deux questions les plus importantes: retrait de toutes les troupes américaines et alliées du Sud et respect des droits nationaux fondamentaux et de l’autodétermination du peuple du Sud du Vietnam. Cette politique fut soutenue par de nombreux gouvernements à travers le monde.

L’opinion publique mondiale estima que la partie vietnamienne fit preuve de “bonne volonté pour la paix”, exigeant du gouvernement américain la fin de la guerre d’agression. Lors de la Conférence de la paix de Paris, on profita régulièrement des forums publics pour prononcer des discours officiels, afin de gagner le soutien de l’opinion publique internationale.

La partie vietnamienne attacha une grande importance à la mobilisation de la presse. Pendant près de 5 ans de négociations, près de 500 conférences de presse furent tenues. L’occasion de dénoncer l’entêtement des États-Unis et de l’administration de Saigon, et en même temps, de défendre la position et la bonne volonté de paix, contribuant activement à la solidarité internationale en faveur de la révolution vietnamienne, isolant fortement le gouvernement américain et l’administration de Saigon sur la scène internationale.

Les grandes victoires militaires de la Révolution vietnamienne sur le champ de bataille (Campagne de la Route N°9 – Laos du Sud, l’offensive de Pâques en 1972,…) causèrent à l’ennemi de lourdes pertes, mettant peu à peu en faillite la stratégie américaine de “vietnamisation de la guerre”, et créant des conditions favorables pour nous à la table des négociations.

Incapable d’ébranler la position du Vietnam à la table des négociations, Richard Nixon intensifia les actions militaires sur le champ de bataille. Le 14 décembre 1972, il approuva un plan visant à lancer des raids aériens stratégiques contre Hanoï et Hai Phong, principalement avec des B-52.

Avec les frappes aériennes, les États-Unis voulaient remporter la victoire militaire, arriver en position de force aux négociations de la Conférence de Paris, obliger le gouvernement de la République démocratique du Vietnam à signer un accord pour mettre fin à la guerre et détruire le potentiel économique du Nord-Vietnam, en particulier les grandes villes qui n’auraient ainsi plus pu soutenir la résistance dans le Sud.

De plus, ces raids devaient permettre à l’armée et au gouvernement de Saigon de disposer de temps pour renforcer leurs forces et semer la panique au milieu du peuple vietnamien. Via des raids stratégiques sans précédent et des destructions dévastatrices, les États-Unis voulurent démontrer au monde leur puissance militaire et dissuader les pays luttant contre l’impérialisme.

Cérémonie de signature des Accords de Paris sur la fin de la guerre et le rétablissement de la paix au Vietnam, le 27 janvier 1973, à Paris, en France. Photo: VNA

La Conférence de Paris (1968 – 1973) est entrée à jamais dans l’histoire de la nation vietnamienne en général et de la diplomatie révolutionnaire vietnamienne à l’époque de Ho Chi Minh en particulier comme un jalon inoubliable. Célébrant le 50e anniversaire de la signature des Accords de Paris (27 janvier 1973-27 janvier 1973), nous sommes plus profondément conscients de la stature et de la signification de ce document historique. De nombreuses leçons ont été tirées de cette négociation historique, dont celle sur le maintien de l’esprit d’indépendance et de solidarité internationale qui a toujours une profonde valeur théorique et pratique.

Du 18 au 29 décembre 1972, les États-Unis ont lancé l’opération de bombardement (principalement par des B-52) contre Hanoï et Hai Phong. Cependant, ce raid a complètement échoué. Pendant douze jours et nuits, les militaires vietnamiens ont abattu 81 avions, dont 34 B-52, 5 F-111 et capturé plusieurs pilotes américains. Ce fut un coup dur pour les forces américaines qui obligea les États-Unis à signer les Accords de Paris de 1973 pour mettre fin à la guerre au Vietnam. La signature des Accords de Paris sur le Vietnam a constitué un événement historique, un jalon important dans la guerre héroïque du peuple vietnamien pour obtenir l’indépendance et la libération nationale. Elle a contraint les États-Unis à reconnaître l’indépendance, la souveraineté, la réunification et l’intégrité territoriale du Vietnam, puis à retirer leurs troupes et alliés du Sud du Vietnam. Elle a aussi permis de réunifier par la suite le pays, en avril 1975.

Les Accords de Paris sont le fruit de la lutte pour la libération nationale ainsi que de l’intelligence de la diplomatie révolutionnaire vietnamienne dirigée par le Parti et le Président Ho Chi Minh./.