La BAD maintient

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Malgré une légère réduction par rapport à 2018 où la croissance du Vietnam a atteint 7,08% – un record depuis dix ans, l’économie vietnamienne devrait progresser de 6,8% en 2019, selon les prévisions de la Banque asiatique de développement (BAD).

Les experts de la BAD ont estimé que le ralentissement des principaux partenaires commerciaux du Vietnam, tels que l’Union européen, les Etats-Unis, le Japon et la Chine, pourrait affecter les perspectives de l’économie nationale.

LA CROISSANCE RESTERAIT ÉLEVÉE

Nguyen Manh Cuong, économiste de la BAD, a rappelé trois scénarios de l’économie mondiale présentés en décembre 2018 par la BAD : la guerre commerciale américano-chinoise maintiendrait ses tensions ; les Etats-Unis taxeraient 200 milliards de dollars de produits chinois et la guerre commerciale américano-chinoise créerait des tensions commerciales mondiales.

La dépendance du Vietnam au commerce extérieur qui représente en effet le double du PIB national, et les faiblesses du processus de restructuration des entreprises publiques, pourraient freiner la croissance de l’économie vietnamienne, a estimé Nguyen Manh Cuong.

La conférence de presse consacrée à la publication du rapport Asian development outlook 2019 de la Banque asiatique de développement. Photo: VNA
La conférence de presse consacrée à la publication du rapport Asian development outlook 2019 de la Banque asiatique de développement. Photo: VNA

Cependant, l’économiste de la BAD s’est déclaré toujours optimiste. Selon lui, dans n’importe quel scénario, le Vietnam serait toujours un bénéficiaire avec des gains qui pourraient se chiffrer à 2% de son PIB.

Cependant, la BAD indique que cela dépendrait encore d’autres facteurs, tels que la productivité et la compétitivité économique nationale. Des risques deviendraient réels si le processus de restructuration des entreprises publiques se ralentissait.

De son côté, l’économiste Nguyen Tri Hieu a déclaré que le ralentissement de la croissance économique du Vietnam en 2019 était raisonnable. Selon lui, en 2019, il est impossible d’atteindre une même croissance que 2018, notamment dans le contexte d’instabilité continue de l’économie mondiale. Par ailleurs, les impacts de la guerre commerciale américano-chinoise pourraient durer plusieurs années. C’est pourquoi les prévisions de la BAD et d’autres organisations internationales sur une croissance inférieure sont rationnelles.

Des risques deviendraient réels si le processus de restructuration des entreprises publiques se ralentissait.

Des produits de la société Duc Giang réservés aux marchés européens. Photo: VNA
Des produits de la société Duc Giang réservés aux marchés européens. Photo: VNA

Cette année, la croissance économique de la Chine et des Etats-Unis se ralentirait. La réserve fédérale américaine (Fed) a prédit que l’économie américaine pourrait être confrontée à des difficultés, avant de décider de ne pas relever les taux d’intérêt.

« Les Etats-Unis sont le plus important marché d’exportation du Vietnam et la Chine est son plus grand marché d’importation. Si leur croissance économique se ralentit, l’économie vietnamienne rencontrera certainement des difficultés. C’est pourquoi une croissance économique de 6,8% semble raisonnable pour le Vietnam cette année», a analysé Nguyen Tri Hieu.

DES POINTS D’APPUI POUR LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE

Les experts de la BAD se sont également déclarés optimistes quant aux perspectives de croissance des secteurs de la fabrication et de la construction grâce au flux d’investissement direct étranger (IDE).

Concrètement, au premier trimestre, le Vietnam a attiré 10,8 milliards de dollars d’IDE, soit une hausse de 86,2% en glissement annuel. Hong Kong (Chine) était en tête parmi les pays et territoires investissant au Vietnam avec 4,4 milliards de dollars, représentant 40,7% du total. Elle a été suivie par Singapour, la République de Corée, la Chine et le Japon.

Cette année, les secteurs bancaire, des services et des finances connaîtraient une bonne croissance. Le nombre de touristes devrait progresser de 16% cette année et en 2020, ce qui favoriserait le développement de l’hôtellerie-restauration et des transports. Le secteur de l’agriculture pourrait atteindre l’objectif de croissance de 3% fixé par le gouvernement.

Des ouvrières de la société Viet Hung dans la commune de Hoai Tan, district de Hoai Nhon, province de Binh Dinh, classifient des noix de cajou. Photo: VNA
Des ouvrières de la société Viet Hung dans la commune de Hoai Tan, district de Hoai Nhon, province de Binh Dinh, classifient des noix de cajou. Photo: VNA

Selon Eric Sidgwick, directeur national de la BAD au Vietnam, l’économie vietnamienne a enregistré une croissance élevée en 2018 grâce à la forte hausse des exportations et de la demande intérieure. Il est probable que la croissance économique du Vietnam sera maintenue dans les temps à venir, grâce à l’industrie manufacturière, aux investissements directs étrangers et à la demande intérieure, ainsi qu’aux réformes pour améliorer l’environnement des affaires et encourager les investissements privés.

Le gouvernement a fixé l’objectif de 140.000 nouvelles entreprises créées en 2019, contribuant à la promotion des exportations et à l’attraction d’IDE et d’investissements privés.

Pour favoriser les investissements privés, Eric Sidgwick a conseillé au Vietnam de poursuivre les réformes afin d’améliorer son environnement des affaires et d’intensifier ses relations avec des partenaires à travers les accords commerciaux.

La ratification de l’Accord global et progressif de partenariat transpacifique (CPTPP) en 2018, et les efforts pour accélérer la signature et la ratification de l’Accord de libre-échange entre le Vietnam et l’Union européen (UE), permettent d’attirer plus d’entreprises étrangères au Vietnam.

Ces accords commerciaux illustrent l’engagement du gouvernement vietnamien sur l’ouverture de l’économie nationale. Le gouvernement a fixé l’objectif de 140.000 nouvelles entreprises créées en 2019, contribuant à la promotion des exportations et à l’attraction d’IDE et d’investissements privés.

Dans une succursale de Vietcombank à Vinh Yen. Photo: VNA
Dans une succursale de Vietcombank à Vinh Yen. Photo: VNA

Les perspectives de la consommation personnelle demeurent optimistes grâce au rehaussement des revenus des foyers et au maîtrise efficace de l’inflation. Les activités d’investissement seront multipliées grâce à l’augmentation des investissements publics d’ici l’an prochain, pour atteindre les objectifs de développement socio-économique fixés pour la période 2016-2020.

DÉFIS POLITIQUES

Le plus grand défi actuel pour l’économie vietnamienne est d’accélérer la participation de ses entreprises aux chaînes de valeur mondiales, a déclaré Eric Sidgwick.

Selon lui, la plupart des entreprises vietnamiennes sont des PME qui ne peuvent pas créer de produits et services répondant aux exigences des chaînes de valeur mondiales. La participation du Vietnam aux chaînes de valeur mondiales se base principalement sur les entreprises à participation étrangère.

L’ère du développement basé sur l’avantage concurrentiel d’une main-d’œuvre bon marché mais peu qualifiée s’est passée et le Vietnam doit devenir une économie fondée sur des ressources humaines hautement qualifiées.

La BAD a souligné les limites dans la perception des petites et moyennes entreprises vietnamiennes qui ne considèrent l’innovation de produits comme un moyen visant à réduire les coûts plutôt qu’à améliorer la qualité.

Eric Sidgwick a souligné les faiblesses des petites et moyennes entreprises vietnamiennes en termes d’achat et d’application de nouvelles technologies, en raison d’un accès difficile aux capitaux et de pénurie de main-d’œuvre qualifiée.

Les entreprises vietnamiennes ont souvent du mal à accéder aux capitaux avec des coûts raisonnables, en raison de conditions strictes et de procédures compliquées, a-t-il ajouté.

Concernant la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, une récente enquête de Manpower Group montre que seulement 11% des entreprises vietnamiennes disposent des capacités nécessaires pour participer aux chaînes de valeur mondiales.

L’ère du développement basé sur l’avantage concurrentiel d’une main-d’œuvre bon marché mais peu qualifiée s’est déjà passée et le Vietnam doit devenir une économie fondée sur des ressources humaines hautement qualifiées.

Pour résoudre le problème de qualité des produits, les experts ont souligné que les politiques devraient encourager et soutenir l’application des nouvelles technologies et l’innovation.

Le développement des compétences nécessaires exige une solution globale et synchrone avec la participation du gouvernement, des établissements de formation et des entreprises privées pour fournir des services de formation professionnelle de haute qualité.

Si les petites et moyennes entreprises vietnamiennes ne peuvent pas accéder aux capitaux et améliorer leurs compétences, elles continueront de prendre du retard sur la voie de l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales./.

Des chaussures produites par la société Ha Tay dans la commune de Tan Lap, district de Dan Phuong, Hanoï, pour être exportées en Europe, au Royaume-Uni et aux États-Unis . Photo: VNA
Des chaussures produites par la société Ha Tay dans la commune de Tan Lap, district de Dan Phuong, Hanoï, pour être exportées en Europe, au Royaume-Uni et aux États-Unis . Photo: VNA